Les préparatifs

Maintenant, un sujet, que l'on trouve seulement superficiellement chez d'autres voyageurs. C'est pourquoi je vais le faire un peu plus en détail. Il m'a fallu environ un an et demi pour terminer ma planification, alors que je travaillais encore 50 heures par semaine. Certains n'ont pas besoin de beaucoup de préparation et démarrent comme ça, mais ce n'est pas si simple.

Collecte d’informations

J’ai consulté un guide de voyage pour presque chaque pays, mais c’est impossible de les lire tous, c’est pourquoi j’en ai extrait seulement les informations les plus importantes. Il y a beaucoup d’informations que l’on ne trouve pas sur internet, c’est pourquoi je préfère travailler avec les livres.

L’itinéraire

L’avenir montrera si l’itinéraire prévu est vraiment le meilleur. On a besoin de personnes sur le terrain pour obtenir des informations exactes.
Pour ma part, j’ai recherché les risques les plus importants ainsi que les endroits les plus beaux et les plus intéressants. A partir de ces données., j’ai planifié ma route. J’ai parlé à de nombreuses personnes de mon projet. Ainsi il s’est trouvé beaucoup de gens qui connaissent quelqu’un, chez qui on peut passer. C’est aussi pour cette raison que je passerai par Banako au Mali.

L’équipement

J’ai dû réfléchir soigneusement à chaque chose, à ce que je voulais exactement, et est-ce que cet objet répondrait aux exigences. Avec le temps, j’ai rassemblé mon équipement complet que j’ai testé au printemps lors d’un voyage d’essai en Italie. J’ai acheté la plupart des choses neuves parce que le marché des occasions laisse à désirer dans ce domaine. La plupart des objets qu’on y trouve sont souvent trop lourds. J’ai commandé sur internet les articles que je n’ai pas trouvé chez le marchand.
Mais j’ai aussi trouvé des choses à la maison, par exemple la batterie de cuisine ou encore mon ancienne sacoche à couteau qui me sert de trousse à outils. Il faut savoir improviser.
En ce qui concerne l’équipement du vélo, je travaille avec les vélos Krapf de Bischofszell. Ils m’ont toujours bien aidé et m’ont offert leur sponsorat sous forme de remises de prix ou de dons.

Le vélo

Au début, j’ai pensé que je pourrais transformer mon VTT pour le voyage, mais il est vite devenu évident que le vélo ne répondrait pas aux exigences.
A l’avant, on aurait dû bricoler pour fixer les sacoches, je n’aurais pas été en mesure de réparer la fourche et les freins à disque n’auraient pas supporté l’air côtier salé. Le guidon m’aurait causé des maux de dos à long terme.
Avec Nuba, le patron des vélos Krapf, qui faisait déjà des courses avec mon oncle, nous avons sélectionné le vélo et ses composants.
Comme je voulais absolument un châssis en acier et qu’il n’y a qu’une seule entreprise en Suisse, qui fabrique de tels vélos, nous nous sommes tournés vers la maison Aarios à Gretzenbach, et leur ont fait part de tous mes souhaits particuliers.
Finalement je suis passé là-bas pour clarifier les derniers détails.
Aarios construit des vélos avec châssis d’acier depuis 1976. Ils ont déjà équipé de nombreuses expéditions. L’entreprise a donc une expérience très riche dans ce domaine. Presque toutes mes idées furent réfutées et finalement le patron qui m’a conseillé personnellement avait raison sur tous les points.
C’est ainsi que mon projet devint une « expédition Aarios » et je dois dire que même si c’était cher comparé à un cadre en aluminium, ça vaut chaque centime. Même chargé des bagages et dans les pires pentes, le vélo peut tout gérer sans problème. Lisez plus dans le chapitre voyage d’essai et « mon vélo ».

Assurances

Il n’a y presque pas d’assurances abordables qui assureraient un voyage de plus de 3 mois. Si je devais rester assuré auprès d’une assurance maladie suisse, je devrais souscrire une assurance privée, ce qui me coûterait au moins tout mon budget annuel de Fr. 8000.-
Il n’y a que deux fournisseurs sur internet qui offrent une assurance santé à long terme à l’étranger. L’un d’eux est Worldnomads et est un peu plus chère que son concurrent Statravel, auprès de qui j’ai conclu une assurance. Mais attention, si vous passez par le site suisse, vous ne pouvez conclure de contrat que pour la période maximum de 2 ans et l’assurance n’est valable que pour ce que l’assurance maladie normale ne couvre pas. Il faut passer par le site autrichien afin de conclure un contrat. Ainsi on peut s’assurer pour une période jusqu’à 5 ans avec une couverture complète.
De même, il n’existe pratiquement pas de bonne assurance couvrant le vélo pendant un voyage à long terme à l’étranger. Je me suis assuré auprès de la Mobilière qui me couvre pour 2 ans ainsi que mes bagages. Pour ce faire, j’ai dû conclure une assurance responsabilité civile.

Finances

Fondamentalement, tout est deux fois plus cher que prévu. L’équipement, l’assurance, le site internet, les guides, les cartes, etc. ne sont pas bonmarchés, surtout quand on vit en Suisse. Je ne donnerai pas de chiffres précis ici, pour ne pas attirer les voleurs. Si quelqu’un veut en savoir plus, qu’il s’adresse à moi personnellement. Mais je peux nommer quelques points clés.
Tout l’argent que j’ai pu mettre de côté pendant 2 ans coule dans ce projet. Finalement, quand j’aurai tout payé, il me restera seulement un peu des euros par jour pour vivre.
Mis à part les mas remises de prix du marchand de vélo, je n’ai aucun sponsor. Je finance mon projet par moi-même. Si l’on veut avoir un sponsor, il faut avoir un site internet professionnel avec de nombreux visiteurs. Le cyclisme extrême n’est plus très rare. Seul ce qui rapporte une bonne publicité est encore sponsorisé. Cela amène également à des engagements, c’est pourquoi je n’ai pas cherché de parrainage.

Entraînement et voyage d’essai

Un voyage test est très important. Il montre quel matériel est adapté, ce qui est superflu ou au contraire si quelque chose manque. J’ai dû procéder à diverses corrections après mon voyage d’essai.
Je me suis rendu compte que mon genou était mal entraîné et que j’avais démarré trop vite et trop dur. Cela m’a causé des douleurs au genou. Mon entraînement de boxe deux à trois fois par semaine m’avait donné une bonne endurance et une bonne capacité de régénération. Néanmoins mes jambes n’étaient pas préparées à ce type mouvement.
Après mon voyage test, j’ai commencé à rouler à vélo au moins deux fois par semaine toujours plus loin et avec un bagage toujours plus lourd.

Langues

Pour un tel voyage, les langues sont le deuxième plus important. Comme je parle déjà bien anglais, je me suis décidé à apprendre l’arabe. Au début c’était très difficile mais avec le temps c’est devenu plus facile parce que l’arabe est une langue construite de façon très logique. J’ai suivi un cours et je peux m’exprimer maintenant à un niveau A1-A2, ce qui veut dire que je peux lire les signes, me présenter et poser des questions simples.
Le français est encore plus important. J’ai cessé d’apprendre l’arabe parce que c’était difficile d’apprendre les deux langues en même temps. Il m’arrivait de ne plus savoir une phrase en français, langue que je parle pourtant mieux, mais en arabe. J’ai aussi pris des cours de français mais j’ai plus de difficultés dans cette langue. Par chance, j’ai une bonne connaissance qui fait de la conversation avec moi et traduit les textes en français pour moi. Ça vaut vraiment de l’or.

Visa

J’ai perdu du temps à essayer d’obtenir mes visas à l’avance pour mon tour à vélo en Afrique. Pour les voyageurs par terre, il est pratiquement impossible d’obtenir un visa à l’avance. Pour les pays exigeant un visa, il faut avoir une lettre d’invitation, un billet d’avion avec voyage retour, une réservation d’hôtel, plusieurs photos passeport et bien d’autres choses stupides. De plus, les visas africains ne sont la plupart du temps valables que pour 3 mois à partir de la date d’émission, donc inutilisables pour mon projet. Il ne me reste donc qu’à me rendre à l’ambassade de chaque pays qui exige un visa. Je n’ai pas vraiment reçu d’aide non plus des ambassades et consulats de Suisse. Souvent les sites et les adresses e-mails ne sont pas à jours. Et là où elles le sont, on ne reçoit pas de réponse.

Sécurité

L’Afrique est un point rouge sur la carte de sécurité mondiale, et la plupart des gouvernements déconseillent même de s’y rendre. Mais beaucoup des informations ne sont plus actuelles ou très exagérées. Le pire est le site du DFAE qui ne semble pas avoir été actualisé depuis plus de 10 ans. Si on lit les récits de voyageurs ou si on les interroge, de nombreuses zones riches en conflits sont entretemps redevenues plus sûres. Cela rend souvent difficile de juger objectivement la situation réelle.
L’application Itineris du DFAE, qui fonctionne ironiquement comme un équivalent du site web, est très utile.
Il est très important de bien se préparer, surtout si l’on traverse les zones du Sahara et du Sahel.
Et l’on devrait toujours contacter les ambassade du pays ainsi que s’inscrire sur la plateforme d’Itineris de sorte qu’en cas d’urgence quelqu’un sache sur quel chemin vous êtes.